Actes intracavitaires – attention aux amalgames réducteurs et dangereux

Dans un long article paru le 8 décembre 2024, l’hebdomadaire l’Express évoque les actes ostéopathiques intra-vaginaux et intra-rectaux. Les développements de cet article pourraient laisser penser que ces actes intracavitaires relèveraient automatiquement de dérives thérapeutiques ou sexuelles.

Les « touchers pelviens », appellation juridique de ces actes, font historiquement partie du patrimoine des gestes diagnostiques et thérapeutiques des ostéopathes et visent à améliorer la mobilité et l’élasticité des tissus des organes pelviens (utérus, vessie, prostate, etc.). Ils sont néanmoins formellement prohibés aux ostéopathes depuis le décret relatif aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie[1]. Ces techniques ne sont en conséquence pas enseignées dans les établissements de formation en ostéopathie mentionnés dans l’article, notamment ceux qui sont membres de la Fédération Nationale de l’Enseignement Supérieur en Ostéopathie (FNESO) ainsi que l’établissement Isostéo de Lyon.

Toutefois, en vertu du III de l’article 3 dudit décret, les interdictions portant sur les touchers pelviens « […] ne sont pas applicables aux médecins ni aux autres professionnels de santé lorsqu’ils sont habilités à réaliser ces actes dans le cadre de l’exercice de leur profession de santé et dans le respect des dispositions relatives à leur exercice professionnel. »

Il découle de cette situation juridique que les sage-femmes et les médecins, seuls·es professionnels·les autorisés·es en France à réaliser des touchers pelviens, sont autorisés·es lorsqu’ils ou elles sont également ostéopathes, à réaliser des gestes ostéopathiques et thérapeutiques intracavitaires, dans le respect des règles déontologiques applicables.

Des évaluations cliniques et scientifiques rigoureuses devront permettre de mesurer l’intérêt diagnostique et thérapeutique de ces gestes internes.

En tout état de cause, si des dérives thérapeutiques ou sexuelles peuvent malheureusement être observées et doivent faire l’objet de sanctions appropriées, la réalisation de tels gestes par des professionnels autorisés ne peut être automatiquement considérée comme relevant de telles dérives et doit pouvoir être regardée comme poursuivant une visée thérapeutique.

La question de la meilleure option disponible pour assurer les soins les plus efficaces aux patients·es dans le respect des bonnes pratiques, notamment en termes de respect de la sécurité, de l’intimité et de la dignité des personnes, devra être débattue dans un environnement scientifiquement et éthiquement approprié. 

L’Unité pour l’ostéopathie (UPO) rappelle qu’elle milite depuis plusieurs mois auprès des Pouvoirs publics, avec le soutien du Registre des ostéopathes de France et de l’Association française d’ostéopathie, afin qu’une Autorité publique indépendante soit créée, dont les missions pourraient notamment couvrir ces enjeux.

Dans l’intervalle, les organisations membres de l’UPO se tiennent à l’écoute de toute personne désirant obtenir de plus amples informations quant au cadre juridique applicable.


[1] Décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie